La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. Et ce dernier va bondir de 8,1 % pour les contrats d’assurance complémentaire santé en 2024,

La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. Et ce dernier va bondir de 8,1 % pour les contrats d’assurance complémentaire santé en 2024, selon la dernière enquête de la Mutualité française.
 

Pour mémoire en mémoire en 2023, la hausse n’avait été que de 4,7 % et de 3,4 % en 2022. Alors comment expliquer ce dérapage ?  » Les dépenses de santé augmentent plus vite que la richesse produite  » depuis des années, souligne d’emblée Eric Chenut, le président de la Mutualité française.
 

Un constat posé à l’issue d’une enquête réalisée auprès de 38 mutuelles, qui protègent 18,7 millions de personnes au total. Les mutuelles sont la famille la plus importante de complémentaire santé avec 46 % des prestations versées, devant les assureurs (près de 35 % du marché) et les institutions de prévoyance (un peu moins de 20 %).
 

En moyenne, les complémentaires santé à statut mutualiste prévoient une hausse moyenne de 8,1 % de leurs cotisations en 2024. La hausse sera de 7,3 % en moyenne pour les contrats individuels, et de 9,9 % en moyenne pour les contrats collectifs obligatoires, ceux souscrits par les entreprises pour leurs salariés.
Première explication,  » les dépenses de santé ont été extrêmement dynamiques en 2023, avec une hausse de + 6 % alors qu’on s’attendait plutôt à + 3 ou + 4 % « , explique Eric Chenut.
 

Un dérapage alimenté par la revalorisation des salaires et tarifs des soignants, une plus forte consommation de soins, mais aussi par la diminution du remboursement des soins dentaires par la Sécu.
 

Avec la réforme du 100 %, santé, l’État a transféré aux complémentaires santé 500 millions d’euros de dépenses dentaires supplémentaires par an, en baissant à 60% le remboursement de ces dépenses par l’Assurance maladie, contre 70% auparavant. Elle a ainsi renforcé la part des complémentaires dans la prise en charge des dépenses d’optique, dentaire et audiologie puisque ce sont les Mutuelles qui prennent en charge le déremboursement.
Au total, les dépenses des complémentaires santé devraient donc augmenter de 1,5 milliard d’euros en 2024, sur une enveloppe globale d’une trentaine de milliards d’euros.
 

Comment réduire la facture ? Selon le président de la Mutualité, l’une des solutions pour tenter d’éviter des hausses de cotisations trop fortes pourrait être de revoir le panier de soins de référence, le  » contrat responsable et solidaire « . Ce contrat  » embarque un très haut niveau de définition des couvertures, et du coup aussi un très haut niveau de coûts « , dit-il. Il serait peut-être utile de lui  » donner une modularité plus grande  » pour  » permettre aux gens de se couvrir au niveau qui leur est nécessaire « .
 

Si le gouvernement veut taper du poing sur la table pour calmer les ardeurs des Mutuelles, concrètement, il ne peut pas encadrer les tarifs des complémentaires santé. Le ministre se contente, pour l’instant, d’appeler les consommateurs et les entreprises à faire jouer la concurrence.