Chaque année, l’Observatoire de la qualité de la construction publie les statistiques de la profession concernant les malfaçons dans l’immobilier neuf (maison individuelle ou collectif).

Chaque année, l’Observatoire de la qualité de la construction publie les statistiques de la profession concernant les malfaçons dans l’immobilier neuf (maison individuelle ou collectif).

Le classement de la manifestation des désordres du rapport de l’AQC 2020 connaît quelques évolutions, mais aucune révolution. La catégorie « Défaut d’étanchéité à l’eau » garde la première place à un niveau stable (autour de 62 %) sur la période couvrant ces trois dernières années, tout comme la « Sécurité d’utilisation » (14 %) et le « Défaut de stabilité » (10 %). « Les défauts d’étanchéité à l’eau regroupent de nombreuses typologies de sinistres. Sa fréquence est la plus importante depuis toujours et le restera, l’eau étant l’ennemi n°1 de la construction », indique Christian Garcia, directeur technique GIE de Socobat.

« Quant au haut niveau de la catégorie « Défaut de stabilité », il révèle tous les problèmes de structure, mais aussi l’ensemble des défauts de scellement et de revêtements de façade et de sol », poursuit l’expert. Christian Garcia note également dans la catégorie « Sécurité d’utilisation » que la progression significative du marché des installations de chauffage bois, aussi bien pour les poêles que les chaudières à granulés, se traduit mécaniquement en termes de sinistralité.

« Il faut que les installateurs soient mieux formés à ces produits. » Les douches italiennes font exploser les sinistres Encore une fois, la catégorie de sinistres la plus habituelle dans la maison individuelle reste le « Revêtement de sol intérieur » qui représente 13 % du total des sinistres, en baisse toutefois d’un demi point sur 2016-2018. Si la progression est importante par rapport à la période 2009-2019 (11 %), « la pathologie des carrelages reste endémique dans les revêtements de sol intérieur », indique Christian Garcia, directeur technique GIE de Socobat.

« Les causes sont nombreuses, mais on peut noter deux points émergents. D’abord, le retrait différentiel des chapes ou du mortier de scellement en pose désolidarisée, qui génère de la fissuration au niveau du carrelage. Cette sinistralité est plus importante en pose scellée que collée. Ensuite, les défauts d’étanchéité dans les douches à l’italienne, très tendances et parfois imposées pour des questions d’accessibilité à tous.

Ce type d’ouvrage nécessite des compétences de carreleur mais aussi d’étancheur. Or, nous constatons beaucoup de malfaçons, en particulier au niveau de l’étanchéité. Avec ce type d’équipements, les évacuations sont encastrées, ce qui génère des coûts de réparation souvent élevés ». La catégorie « Ossature poutres poteaux (hors charpente seule) » passe de la cinquième à la troisième place sur les trois dernières années, même si l’augmentation est faible (5,5 % à 6 %). Cette catégorie représente plus de 10 % des sinistres en effectifs sur 2009-2019. « Cette diminution provient de la progression, depuis les années 2005, de la brique terre cuite dans la maison individuelle au détriment des blocs de béton », indique Catherine Labat, expert construction au cabinet Neoxa.

« Ces désordres peuvent s’analyser comme une conséquence des effets du changement climatique, avec une accentuation des phénomènes de retrait-gonflement d’argile, ces dernières années, qui conduit à des désordres structuraux. Comment expliquer autrement une si rapide accélération ? » Les « Fondations superficielles » restent également le deuxième poste de dépenses. « En revanche, comme en 2019, elles n’apparaissent pas dans les effectifs, car elles représentent moins de 3,5 %. C’est donc un sinistre rare mais qui coûte très cher. Notons tout de même une baisse sur les trois dernières années. Les avancées récentes dans la réglementation devraient encore faire diminuer ce poste.

La Loi Elan de novembre 2018, qui a mis en place une cartographie des zones en France en fonction de leur risque de mouvement de terrain différentiel consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols, impose pour la construction de maisons individuelles dans les zones d’aléa moyen à fort, la réalisation d’une étude de sol au moment de la vente du terrain. A la rentrée, un décret oblige désormais la fourniture d’un rapport d’étude géotechnique avant la construction de logements. Car souvent, les problèmes de fondations superficielles viennent du retrait gonflement des argiles.