Le PER a fêté son troisième anniversaire en ce mois d’octobre. Il a déjà séduit plus de 5,6 millions de personnes dont 3,5 millions à titre individuel. Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne, explique les raisons de ce succès.

Le PER a fêté son troisième anniversaire en ce mois d’octobre. Il a déjà séduit plus de 5,6 millions de personnes dont 3,5 millions à titre individuel. Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne, explique les raisons de ce succès.

 

 

Quelles sont les raisons du succès du Plan d’Épargne Retraite (PER) par rapport aux anciens produits retraite ?
 

Le PER a fêté son troisième anniversaire en ce mois d’octobre. Il a déjà séduit plus de 5,6 millions de personnes dont 3,5 millions à titre individuel. L’encours atteint 66 milliards d’euros dont 43 milliards à titre individuel. Cette croissance est beaucoup due à des transferts en provenance des anciens produits d’épargne retraite, mais elle est aussi liée à l’arrivée de nouveaux assurés ou épargnants. La fin de l’année est toujours un moment clef pour les versements sur des produits ouvrant droit à des réductions d’impôt, ce qui est le cas pour le PER.
 

Le PER offre plusieurs avantages par rapport aux différents produits d’épargne retraite qu’il a remplacés. Les versements individuels ainsi que ceux issus de l’épargne salariale sont éligibles à une sortie en capital. Certes, logiquement un produit retraite a comme objectif la constitution d’un complément de revenus liquidable au moment de la cessation d’activité, mais les Français étant attachés à la faculté de pouvoir sortir en capital, cette possibilité contribue à l’attractivité du produit. Le deuxième avantage est sa transférabilité. Il est désormais possible de loger les anciens produits d’épargne, PERP, Préfon, PERCO, article 72, etc. sur le PER. Le titulaire de ce produit peut également changer de PER à sa convenance. Le dernier grand avantage du PER est l’avantage fiscal à l’entrée. (déduction du revenu imposable qui de ce fait n’entre pas dans le plafonnement des niches). Cet avantage fiscal peut être conjugalisé. Par ailleurs, le contribuable peut cumuler les droits à déduction des trois années précédant son imposition sur le revenu.
 

La crainte de la baisse des revenus à la retraite explique-t-elle la souscription d’un PER ?
 

Les Français sont inquiets en matière de retraite. Selon la dernière enquête réalisée par l’IFOP pour le compte du Cercle de l’Épargne et d’AMPHITÉA, deux tiers d’entre eux estiment que leur pension est ou sera insuffisante pour vivre correctement à la retraite. Or, en l’état actuel, le niveau de vie des retraités est amené à diminuer. Selon le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites, avant même une éventuelle réforme, la baisse serait de 5 à 15 % d’ici 2040. Les Français placent la retraite comme deuxième motivation pour expliquer leur effort d’épargne, juste derrière l’épargne de précaution.
 

Assurance vie/PER, quel est le meilleur produit pour la préparation de la retraite ?
 

Le PER est un produit spécifiquement dessiné pour la préparation de la retraite quand l’assurance vie est une enveloppe de placements multi-usage avec néanmoins une dominante patrimoniale.
Pour les personnes imposées dans les tranches élevées de l’impôt sur le revenu (au-delà de 30 %), l’avantage fiscal du PER constitue est non négligeable même s’il ne faut pas sous-estimer, pour les contrats d’assurance vie de plus de 8 ans, les effets de l’abattement de 4 600 pour un célibataire et 9 200 euros pour un couple, sur les gains. La sortie en capital désormais ouverte aux titulaires de PER est en revanche fiscalement peu attractive. Le capital est assujetti à l’impôt sur le revenu et les gains au prélèvement forfaitaire unique. Les tenants de la sortie totale en capital ont tout intérêt à opter pour l’assurance vie. Si cette dernière offre de plus de souplesse dans la gestion, avec des possibilités d’entrée et sortie, elle peut, par ricochet, être utilisée pour des usages qui ne sont pas en lien avec la retraite.
 

Avec la chute des valeurs actions marchés financiers et l’inflation, est-ce le bon moment de s’engager dans un PER ?
 

Le PER est un placement de long terme qui se prête bien à un investissement dans les actions. Il vaut mieux entrer quand la bourse est à un point bas que l’inverse. La loi PACTE a prévu une gestion profilée permettant une sécurisation progressive en fonction de l’âge. L’épargnant choisit entre trois profils : prudent, dynamique et équilibré. Du profil choisi dépend la répartition entre fonds en euros et unités de compte. Il peut choisir la gestion libre ou la gestion sous mandat. Dans tous les cas, l’épargnant a tout intérêt à ouvrir le plus tôt possible et à y mettre régulièrement de l’argent. C’est donc bien le bon moment pour bénéficier des plus-values à venir.
 

Les frais appliqués au PER sont jugés importants. Qu’en est-il et quels sont les droits des assurés ?
 

Plusieurs organismes ont souligné que les frais pouvaient être élevés. Ces derniers sont en lien avec le caractère complexe du PER. La diffusion de plus en plus large de ce produit et la concurrence croissante devraient conduire à une diminution des frais. Le législateur a tenu à accroître l’information des titulaires afin de peser sur leur montant. Les gestionnaires de PER sont ainsi tenus, depuis le 1er juin, de publier sur leur site Internet un tableau standard regroupant les frais moyens par catégorie de frais. Depuis le 1er juillet, la réglementation impose au distributeur de communiquer avant toute souscription le total des frais associé à chaque support financier.

 

Pour les contrats d’épargne retraite en déshérence, qu’impliquent les nouvelles dispositions sont entrées en vigueur ?
Dans son rapport remis en 2018 au Parlement, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (APCR) estimait que les contrats d’épargne retraite non liquidés passé l’âge de 65 ans représentaient 5,4 milliards d’euros d’encours. Le ministère de l’Économie a mis en ligne un nouveau service en ligne « mes contrats épargne retraite » qui permet aux assurés de retrouver l’ensemble des contrats d’épargne retraite dont ils peuvent bénéficier. Ce service résulte de la loi du 26 février 2021 qui a créé un droit à l’information sur les droits acquis dans le cadre des régimes de retraite supplémentaire. Il est disponible sur le compte retraite (info-retraite.fr) et son application mobile (Mon compte retraite).
 

Ce droit permet aux Français de retrouver tous leurs produits d’épargne retraite supplémentaire, les coordonnées des organismes qui les gèrent et, le cas échéant, de faire valoir leurs droits. Tous les salariés, à la retraite ou encore en activité, peuvent désormais savoir, de façon simple, s’ils sont bénéficiaires d’un ou plusieurs contrats d’épargne retraite supplémentaire souscrits pour eux par leurs employeurs ou ex-employeurs. Jusqu’ici, le seul moyen pour un salarié de connaître les contrats ouverts en son nom consistait à retrouver et contacter tous ses anciens employeurs. Le service a identifié plus de 11 millions de contrats de retraite supplémentaire. La base de contrats recensés devrait continuer à s’enrichir au cours des prochains mois. L’objectif est de lutter contre la déshérence en matière de contrats d’épargne retraite.