Robert Dishner, gérant senior chez Neuberger Berman, nous explique l’impact potentiel sur la croissance européenne de la réouverture de la Chine.

Robert Dishner, gérant senior chez Neuberger Berman, nous explique l’impact potentiel sur la croissance européenne de la réouverture de la Chine.

L’Europe a une économie très axée sur les exportations. Fin 2019, avant la pandémie, les exportations de biens et services de la zone euro représentaient 47,4 % du PIB nominal, contre seulement 11,6 % pour les Etats-Unis. 

 

Entre temps, la Chine est devenue une destination privilégiée des exportations européennes, suggérant que sa réouverture pourrait favoriser la croissance de la région, un facteur à double tranchant.

Environ deux tiers des exportations européennes, inclues dans le PIB, sont des biens. Au cours des 12 mois précédant novembre 2022, 8 % d’entre elles étaient destinées à la Chine et à Hong Kong, contre 15,7 % aux États-Unis. Si l’on compare ces chiffres à ceux de novembre 2002, où la Chine et Hong Kong ne représentaient que 4,2 % et les États-Unis 17,3 %, on constate que les exportations vers la Chine et Hong Kong ont connu une croissance moyenne de seulement 4 % depuis le début de la pandémie, contre 6,3 % au cours des cinq années précédant celle-ci.

Selon l’Association des constructeurs automobiles européens, dans l’UE, 13 millions de personnes étaient employées dans l’industrie automobile en 2020, soit 7 % de la main-d’œuvre. La Chine, quant à elle, était la troisième destination d’exportation de voitures européennes, avec 410 917 unités, derrière le Royaume-Uni et les États-Unis, contre une moyenne de 445 248 au cours des trois années précédant la pandémie.

En outre, l’Organisation mondiale du tourisme de l’ONU estime que les arrivées de touristes internationaux européens en 2022 ont été inférieures de 21 % aux niveaux de 2019, tandis que les dépenses touristiques de la Chine ont diminué de 57 % par rapport à 2019 sur une base mondiale. 

 

Ainsi, le China Outbound Tourism Research Institute a montré que 6,7 millions de Chinois ont visité la France, l’Allemagne et l’Italie combinées au cours de l’année 2019, contre seulement 226 000 au cours des 12 mois précédents septembre 2022. 

La réouverture de la Chine pourrait donc être bénéfique aux secteurs des exportations et du tourisme européens. Du point de vue des taux, si un afflux de dépenses touristiques venait à maintenir l’inflation des services à des niveaux trop élevés, cela pourrait devenir une préoccupation majeure. Non seulement l’inflation des services a ralenti à 4,2 % en janvier (contre 4,4 % en décembre), mais les restaurants et les hôtels connaissent, depuis juillet 2022, une inflation supérieure à 8 %. Cette situation est dans l’ensemble plutôt positive pour l’Europe, mais encore une fois, cela renforce l’idée que les taux directeurs en Europe et ailleurs pourraient rester plus élevés pendant plus longtemps que ce qu’anticipent de nombreux investisseurs.