Depuis le début de confinement, près de 90% des actes planifiés ont fait l’objet d’un report, estime la Fnaim. Pendant ce temps, les taux grimpent…

Depuis le début de confinement, près de 90% des actes planifiés ont fait l’objet d’un report, estime la Fnaim. Pendant ce temps, les taux des prêts remontent.

Le marché est bloqué ! La Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) estime que près de 100.000 transactions en cours, avec des compromis de vente signés avant la mi-mars, date du confinement, sont actuellement en attente.

“Depuis le début du confinement, près de 90% des actes planifiés ont fait l’objet d’un report”, indique la Fnaim. Cela représente l'équivalent de 10% du million de ventes réalisées dans l'ancien l'an passé. Grâce à un décret qui facilite la signature électronique à distance, les notaires ont mis en place le télétravail permettant de réaliser des actes, mais avec retard.

Par ailleurs, les syndics mettent du temps à envoyer les documents indispensables à la signature et les services de publicité foncière commencent, pour certains, à rouvrir. Dans les mairies, le délai de préemption est suspendu mais il ne repartira pas à zéro. Il reprendra là où il en était, à partir de la levée de l’état d’urgence sanitaire.

Du côté des banques, les courtiers estiment qu’il faut actuellement entre trois semaines et un mois pour éditer une offre de prêt contre 10 jours en période classique. C’est pourquoi, acheteurs et vendeurs qui ont déjà signé un compromis de vente doivent accepter de prolonger la durée de ce dernier.

Le problème est que pendant ce temps la, les taux des prêts immobiliers augmentent. Le courtier Vousfinancer constate ainsi qu’une quinzaine de banques ont relevé leurs tarifs en avril 2020, des progressions qui varient de 0,15 à 0,70 %. Même écho chez Avivap qui observe une progression moyenne de 0,20 à 0,30 % dans les banques qui continuent à travailler. Sur vingt ans, la moyenne tourne désormais autour de 1,40 % brut (hors assurance) au 10 avril 2020. C’est peu ou prou le même niveau qu’au 2 avril. Mais la hausse se ressent surtout sur les taux plancher. En une semaine, le vingt ans brut minimum passe de 0,90 à 1,10 %. Même évolution pour les taux plafond. Le vingt ans brut maximum est actuellement à 2,00 %, contre 1,95 % il y a huit jours. Bref, les écarts de taux se resserrent et les décotes, lorsqu’elles sont accordées, sont plus modérées.

Autre sujet d’inquiétude, la hausse des taux d’emprunt conjuguée à la baisse du taux d’usure risque de pénaliser les emprunteurs les plus modestes. Le taux dit d’usure est celui au-dessus duquel il est interdit d’emprunter. Fixé à la fin de chaque trimestre par la Banque de France, il vise à protéger les emprunteurs contre d’éventuels abus. Depuis le début de 2020, il a baissé de 0,86 % et atteint 2,51 % pour les prêts contractés sur une durée d’au moins vingt ans. « En début d’année, le delta entre le taux proposé par les banques et le taux d’usure permettait déjà à peine d’intégrer les différents frais ; de dossiers, d’assurances et de garanties », s’inquiète Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi, interrogé par les Echos. Par le biais l’Association professionnelle des intermédiaires en crédit (Apic), ce dernier demande une fois encore à la Banque de France de «mettre en place une marge incompressible d’au moins 2%», afin que le taux d’usure ne devienne pas «un frein à l’accession à la propriété» une fois l’heure de la reprise arrivée.